L’insatiable fabricant de Yokohama nous propose un nouveau lecteur CD/SACD, le DP-560, qui remplace en gamme le DP-550. Le plumage toujours aussi somptueusement réalisé reste identique à celui de son prédécesseur. En revanche, beaucoup d’améliorations techniques ont été apportées au niveau mécanique et électronique au sein de cette nouvelle machine qu’est le DP-560.
Le DP-560 reprend trait pour trait ceux du DP-550. Le boîtier orné de joues amovibles en métal est constitué d’un assemblage habituel pour la marque de tôles épaisses qui créent différents compartiments dans l’enceinte. L’alimentation ultra-régulée et son transformateur capoté sont ainsi séparés des étages bas niveaux d’entrées et de sorties, de ceux de gestion des commandes du transport et de la mécanique. L’isolation électrique et magnétique est optimisée. La face avant dispose d’un afficheur à diodes qui reprend toutes les informations relatives au fonctionnement courant de l’appareil, dont la fréquence d’échantillonnage du signal traité et son nombre de bits de quantification.
Au royaume de la rigueur
La mécanique entièrement nouvelle est constituée d’une base extrêmement rigide et solidement arrimée au boîtier. Le mécanisme du tiroir de chargement et l’ensemble moteur et diode de lecture sont assemblés entre eux par l’intermédiaire de quatre amortisseurs en silicone de manière à réduire toute transmission vibratoire.
Une pièce lourde en forme de pont et utilisant une structure à cinq couches de matériaux différents recouvre le lecteur de manière à éviter les effets de turbulence d’air provoqués par le disque en pleine rotation. De plus le centre de gravité du transport est ainsi abaissé pour une meilleure inhibition des vibrations.
Quant à l’électronique, elle emploie une section de conversion numérique vers analogique gérée par un circuit Accuphase MDS+ à base de puce ES9018S. Rappelons que ce circuit parmi les plus performants du marché, avec des taux de distorsion et de bruit extrêmement bas, intègre huit convertisseurs Delta-Sigma travaillant sur 32 bits qu’il est possible de configurer de différentes façons.
L’idée développée par Accuphase est d’en utiliser quatre en parallèle par canal, avec sortie en courant sous haute impédance, ce qui réduit le niveau global de bruit de 6 dB supplémentaires. Après une conversion courant/tension différentielle, un filtrage passe-bas de type Butterworth également différentiel et séparé pour la sortie asymétrique (une cellule) et celle symétrique (deux cellules en mode différentiel) reforme l’enveloppe analogique en sortie. Les datas USB sont prises en charge par un chip Bravo SA9227 compatible PCM 32/384 et DSD 128, et deux ports HS-Link « In » et « Out », standard propriétaire, permettent un transfert de datas en très haute définition entre le drive ou le DAC du DP-560 avec une autre électronique Accuphase, dont l’égaliseur DG-58 notamment.
Fabrication et écoute
Nous avons procédé à des écoutes du DP-560 en lecteur intégré seul (réglage de niveau de sortie utilisé depuis la télécommande) à partir de CD et de SACD, puis en liaison USB avec notre Mac.
Construction : Le lecteur Accuphase ne peut renier ses origines. Qu’il s’agisse de son somptueux châssis construit aux standards de qualité les plus élevés, de sa face avant aux accents champagne ou de l’intérieur où règnent l’ordre et la logique, nous sommes bien en présence d’un Accuphase. De plus, la parfaite harmonie de l’implantation évite au maximum le câblage filaire.
Composants : L’introduction au sein du DP-560 d’une nouvelle mécanique maison et d’un circuit de conversion mettant en action quatre convertisseurs par voie donne un aperçu des intentions du fabricant pour rester au sommet de la hiérarchie mondiale des lecteurs CD/SACD sans pour autant assommer le client par un prix extravagant.
Grave : La réponse en fréquence globale de notre système repère équipé du lecteur Accuphase descend très bas et avec beaucoup de conviction. Le registre gagne logiquement en solidité et en détourage à partir du format SACD, mais reste parfaitement tendu et bien articulé à partir de CD et de fichiers 16/44. Il est même difficile de trouver une différence audible notable entre ces deux derniers supports. Sur la piste « Constantinople » de Patricia Barber, le volume ressenti de la caisse de résonance de la contrebasse est pour ainsi dire identique entre lecture CD et entrée USB.
Médium : L’écoute en SACD du largo du Concerto n° 5 de Bach par Simone Donnerstein ouvre très large l’horizon tonal et épaissit la texture du message, prouvant s’il en était encore besoin la supériorité de ce format par rapport au CD. Néanmoins, la lecture de la couche CD dévoile une remarquable justesse de timbres et une palette harmonique particulièrement nuancée. Le message délivré par le DP-560 véhicule une véritable impression de « solidité » tonale, comme si rien ne pouvait faire déteindre les couleurs d’un instrument vers celles d’un autre. Chaque note joue avec les autres dans un legato articulé et convaincant qui conforte les timbres de chaque source sonore.
Aigu : La hiérarchie est respectée avec une lecture SACD au filé subtil et délicat, sans faute, et une proposition sonore à partir d’un CD ou de l’entrée USB qui détaille le haut du spectre avec beaucoup de détails et de délicatesse. Avec tous ces formats, les fins de notes peut-être un poil retenues s’éteignent néanmoins avec une souplesse digne d’une source analogique, ce qui n’est pas un mince compliment. Avec un CD ou un fichier audio, le dégradé harmonique haut reste toujours extrêmement cohérent, les notes conservent tout leur éclat, toute leur expressivité, toute la beauté sonore.
Dynamique : La qualité des alimentations est fondamentale dans la faculté d’une électronique à reproduire l’énergie contenue dans une interprétation, et cette nécessité débute dès la source. À l’évidence, l’Accuphase DP-560 dispose des ressources nécessaires en sortie d’alimentation. La partition de la batterie sur la piste « Animal » par Francis Cabrel ne manque ni de poids ni d’amplitude sur les différents impacts de baguettes et de la boule de pied. Très… percutant !
Attaque de note : Quel que fût le support écouté, l’enveloppe tonale varie à chaque enregistrement, la vivacité du message reste immaculée, intacte. Sans parler de l’écoute en SACD vraiment remarquable, les CD et les fichiers transitant par l’entrée USB sont reproduits avec beaucoup d’expressivité et de variations harmoniques. La réponse impulsionnelle de l’Accuphase et donc son aptitude à dévoiler les moindres variations de notes flirtent vraiment avec ce que nous pouvons obtenir de notre ensemble source et DAC repères.
Scène sonore : Le DP-560 nous propose un espace sonore tout à fait réaliste. Les proportions virtuelles développées sur nos pistes et fichiers repères conservent une répartition géométrique familière, nous sommes en terrain sonore connu et apprécié. Les réverbérations et les détails d’ambiance sont toutefois nombreux et étayés, ce qui se traduit par une spatialisation et un volume de scène sonore de grande ampleur devant l’auditeur. La focalisation des différents pupitres est nette, l’étagement des plans très pertinent et l’image stéréo large et de très grande stabilité.
Transparence : Le lecteur japonais propose une large bande passante subjective, une excellente qualité de timbres et une nervosité appréciable sur transitoires agrémentée d’une dynamique libérée. L’appareil ne montre aucune compassion pour les données qu’il ingurgite et se montrera droit comme la justice vis-à-vis d’elles. Un mauvais enregistrement ou une mauvaise prise de son ne se retrouveront donc pas bonifiés en sortie du DP-560, alors qu’un support de qualité révélera toute l’émotion qu’ils contiennent. N’est-ce pas là le signe d’une neutralité bienvenue ?
Rapport qualité/prix : Investir 11 000 euros (une sacrée somme…) dans un lecteur DAC aussi brillant et abondamment équipé soit-il, à l’époque de la musique dématérialisée qui se gère depuis un excellent DAC USB et un ordinateur doté d’un logiciel de lecture, peut paraître absurde, suranné. Ceci étant posé, le lecteur Accuphase est une superbe pièce d’électronique moderne qui peut justifier un tel prix aux yeux et aux oreilles du mélomane certes aisé mais avide de perfection. Compte tenu de la remarquable qualité de fabrication, de l’originalité technique, des performances élevées et des nombreuses possibilités de travail (CD, SACD, DAC), alors oui, rien n’est trop cher en ce bas monde.
Verdict
Accuphase s’est une fois encore montré à la hauteur de nos attentes en concevant cette électronique dont les spécifications techniques comme les qualités de fabrication et restitution sont de haut niveau. Le lecteur rassemble les suffrages par la cohérence et par l’étoffe de son message toujours très juste et très musical. Acheter un Accuphase a toujours été un acte de foi audiophile pour le mélomane, et il n’est pas près de changer de religion avec le DP-560.
Fiche technique
Origine : Japon
Prix : 10 990 euros (avec télécommande RC-120)
Dimensions : 465 x 151 x 393 mm
Poids : 18,8 kg
Réponse en fréquence : 0,5 Hz - 50 kHz à +0/-3 dB
Distorsion par harmonique : < 0,0006 % (20 Hz – 20 kHz)
Rapport signal sur bruit : > 119 dB
Séparation des canaux :> 117 dB
Niveau de sortie : 2,5 V RMS (RCA, XLR)
Entrées numériques :
1 RCA S/PDIF (PCM 24/192),
1 optique Toslink (PCM 24/96),
1 USB B asynchrone (PCM 32/384 et DSD256),
1 HS-Link (PCM 32/384 et DSD128)
Sorties numériques :
1 RCA S/PDIF 24/192,
1 HS-LinkSorties analogiques stéréo :
1 RCA, 1 XLR